À l’approche des fêtes, je me rappelle que je voyais des sapins de Noël partout où j’allais : école, conservatoire de musique, hall d’immeuble, et même dans la rue. Maintenant que je suis adulte, je ne sais pas si c’est qu’il n’y a plus de sapins de Noël ou qu’on ne les voit plus ou qu’il n’y a plus personne pour les décorer.
Quoiqu’il en soit, j’ai le souvenir d’un sapin si magnifique que je ne peux pas l’oublier, décoré comme vous n’en avez jamais vu : celui qui trônait dans le hall de la boîte de ma mère. Est-ce parce que je le voyais avec des yeux de petite fille qu’il me semblait aussi gigantesque ?
Mon beau sapin
Je connaissais la chanson et la trouvais particulièrement vraie pour ce sapin : enguirlandé de la tête aux pieds, de boas violine et doré qui venaient rehausser le vert des aiguilles, il s’imposait avec bonhommie au milieu de la pièce. Il était d’un vert gras, paisible, pas comme celui que nous avions à la maison, terni et desséché au bout d’une semaine. Lors des goûters et animations de noël organisés par le CE, et c’est dire si à cette période il y en avait, le sapin roi fascinait les enfants, qui s’agglutinaient autour de maman pour lui tirer ses boucles d’oreilles. Ce que je désapprouvais vivement.
Ce sapin n’était pas orné que de guirlandes bien évidemment, mais aussi de fausse neige savamment saupoudrée, légère comme du sucre glace, et de boules de Noël majoritairement rouges, jaunes et vertes. Tantôt bigarrées, tantôt unies, elles étaient de différents diamètres et textures : si on pouvait se voir dans certaines comme dans un miroir, d’autres étaient faites de papier mâché et avaient l’air peintes à la main, comme celles qu’une tante nous avait ramenées d’Allemagne.
A la cime
Au sommet du sapin de Noël, était suspendue une magnifique étoile qui paraissait faite de pain d’épices et de bonbons, avec un bord en fourrure blanc comme la fourrure de nos capuches, mais d’un blanc qui était chaque année toujours aussi éclatant. Comme une cerise posée sur le dernier étage d’une pièce montée ou d’un gros gâteau d’anniversaire meringué, elle faisait écarquiller les yeux à tous les enfants.
Le « nec plus » c’était la guirlande lumineuse, aux toutes petites ampoules qui se dressaient comme des gouttelettes, synchronisées, encore une fois savamment enroulée autour du tronc et de certaines de ses branches. Elles semblaient avoir pour but d’en rappeler l’existence, car notre regard eût été tenté de les occulter à cause d’une ombre ou parce qu’elles étaient moins décorées que les autres : il fallait que justice soit faite.
La décoration de ce sapin devait être à chaque Noël une sacrée aventure pour les collègues, qui peut-être retombaient alors en enfance le temps d’un après-midi. Ma mère, très attachée aux traditions et s’impliquant beaucoup socialement à son travail, ne pouvait qu’avoir participé et je le savais au fond de moi, même si elle ne s’en vantait pas… C’était pourtant une parfaite réussite.
Ajouter un commentaire